jeudi 17 février 2011
Le 07 février 2011 à 07h35 - commentaires[1]
Sous un soleil printanier, plusieurs centaines de chasseurs venus de tout l’Est de la France — Bas-Rhin, Vosges, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Haute Saône — se sont retrouvés hier après-midi, au centre-ville de Strasbourg pour dénoncer la « politique d’éradication » des grands cervidés, imposée selon eux par l’Office national des forêts (ONF). Ne manquait à l’appel que la fédération des chasseurs haut-rhinois qui, selon Gérard Lang, président des chasseurs du Bas-Rhin, s’est retirée de la manifestation au dernier moment. Un retrait que le président bas-rhinois se refusait hier à commenter.
Au cœur du malaise : l’avenir du cerf dans les Vosges. Selon les chasseurs, l’industrie forestière fait pression sur les chasseurs pour augmenter sensiblement les tirs de cerfs qui causent, selon l’ONF, de très gros dégâts dans les forêts, pénalisant de la sorte la rentabilité de l’exploitation du bois. « En 20 ans, les plans de chasse ont multiplié par quatre les autorisations de tir. Résultat : l’an passé, 72 000 tirs ont été autorisés dans toute la France et 49 000 ont été effectués, a résumé un orateur. Les forestiers raisonnent à moyen terme, à 20 ou 50 ans, alors que nous, chasseurs, réfléchissons à beaucoup plus long terme… »
C’est pourquoi les manifestants d’hier, au nom de la sauvegarde de la biodiversité, ont réclamé la mise en place d’une trame verte courant des Vosges et du Jura, à travers le Palatinat, en Allemagne, jusqu’aux Alpes autrichiennes, afin que le cerf puisse briser les enclaves où il est aujourd’hui confiné.
« Le cerf doit revenir en plaine, dans les forêts rhénanes, celle de Haguenau et de Wissembourg d’où il a été chassé, a ainsi estimé Jean-Michel, un chasseur de 58 ans, dont plus de 20 ans de permis de chasse. Je chasse sur un lot de 305 hectares, du côté de Niederbronn, où l’on nous a imposé un plan de tir de huit cerfs alors que quatre auraient largement suffi. Nous les avons tirés pour ne pas risquer l’amende qui peut aller jusqu’à 1 500 € par tir manquant et pour ne pas risquer de perdre notre chasse, qui peut nous être retirée si nous ne remplissons pas deux ans de suite nos obligations de tir. »
Hier, les chasseurs ont eu le soutien d’Alsace Nature, dont le président Maurice Wintz s’est joint à la manifestation : « Alsace Nature n’épouse pas tous les points de vue des chasseurs, mais nous partageons avec eux l’objectif de création d’une trame verte qui puisse permette aux cerfs de se disséminer et de revenir en plaine. Avec les chasseurs, nous dénonçons la menace d’une industrialisation de l’exploitation forestière. » Fait très peu banal, hier, les chasseurs ont chaudement applaudi l’intervention du représentant de la protection de la nature…